jeudi 26 mars 2009

RH

Roy Hargrove...

Chronique : L'Arme De Paix


L’arme de paix, une question de temps…

43 minutes et 43 secondes. Le temps d’écrire cette chronique.

365 jours - Dès les premières secondes, le temps s’allonge. Le rythme s’installe. Chaque temps est minutieusement marqué par le métronome. D’un coup, le décor se plante de lui même. La guitare puis la basse résonnent. L’ambiance « l’arme de paix » débarque. Oxmo nous revient tel qu’on le connait : Voix profonde, plume aiguisée. Le thème ? Le temps qui passe. Ses conséquences. Son train d’enfer. Comme une évidence, l’artiste se faufile et s’impose sur l’instru. On en vient presque à l’oublier. Au final, texte et mélodies se confondent. Le titre est le juste reflet d’un album résolument musical… poétique. Tant dans la forme que dans le fond. Partie de zéro, l’horloge affiche désormais 4’11.

La vie est un beau train avec de sales wagons

Tirer des traits - Comme les prisonniers qui comptent les jours dans leurs cellules. Pour Oxmo, la vie c’est tirer des traits. La musique ? Tantôt mystérieuse tantôt dansante. Bref, le mélange est réussi. Sur ce titre, Sly Johnson (SSC) vient prêter main forte à Ox sur le refrain. Il y met toute sa fougue sans pour autant s’égarer. Là encore, on laisse du temps aux mélodies d’évoluer. D’exister. 7’21 déjà à ma montre.

Mes phrases misent bout à bout font le tour de la terre

Soleil du nord - Une ballade. De la mélancolie. Pour l’épauler, une boucle de guitare et une interprétation majestueuses. À en faire froid dans le dos. Ici il est question du mauvais temps. L’artiste se penche sur le terrible dess(e)in de l’homme du nord. La force du morceau : La timide lueur d’espoir que l’ambiance instrumentale nous suggère. Les mots sont durs mais de manière incompréhensible, à la fin, on ne peut s’empêcher d’être optimiste. La phrase de la fin est d’Aznavour. « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil ». C’est la première référence d’Oxmo à la chanson française. L’heure ? 10’31

Soleil du nord quand au deuxième semestre / le mauvais temps insiste et que le clown se défenestre

Véridique – Trip en Noir et Blanc. Dans l’esprit du Black Desperado, idées, mots et notes se confondent. L’instru et cette fois minimaliste. On se sent seul. Perdu au milieu d’une vaste pièce. D’on ne sait où, Ox nous déballe nos quatre vérités… Inquiétant. Par chance, une issue s’offre rapidement à nous. À 13’15 on quitte déjà le lieu.

C’est le règne animal / mauvaise intelligence que l’on manie mal

Partir 5 minutes – Ouf… Ici l’ambiance est bien plus rassurante. Sly est encore là. Avec Oxmo, les deux Vincent et Ludo, l’heure est à la bonne humeur. Chacun partage son optimisme. Pas de doute, ici il ne peut rien nous arriver. Tous ensembles mais chacun de son côté. Dans les têtes, les rires défilent. La musique nous met bien. Oxmo berce nos songes, Sly les agaye. Du coup, le temps passe. Partir 5 minutes en 4’02 c’est désormais possible. Il est 17’17.

Nous dessinerons des chansons dans la neige

J’te connaissais pas – Avant même le début de la chanson : un coup de baguette magique. Un son aigu évoque l’enchantement. L’impossible c’est-il réalisé ? C’est en tout cas ce nous suggère le titre. Ni trop simple, ni trop sophistiqué. Oxmo chante ( ?) l’amour sans état d’âme. Attendrissante et personnelle, l’ode à « celle que l’on ne connait pas » est à sa place dans l’arme de paix. 21 minutes et 10 secondes sont passées

Tu m’as fait mettre des fleurs sur mon arbalète

L’arme de paix – D’un côté les affreux belliqueux, de l’autre Abdoulaye Diarra. Le vent balaye le champ de bataille, les tambours résonnent. Oxmo s’avance puis prend la parole. On l’écoute. Toujours en avançant, il jette son arme au pied de ses adversaires. Il ne les combattra pas. Au mieux, il les convaincra. Au loin, comme pour le soutenir, K’naan entame, seul, l’hymne pacifiste. Peu à peu, les guerriers baissent les armes… tous versent une larme. (25’38)

Un jour, l’injustice en personne fera tomber une larme

Les une les autres – Y a pas à dire, ça groove grave. Avec Ox, la basse rebondit tour à tour sur les unes puis les autres. Ici on vous donne les ingrédients. Faites vos propres mélanges et vous verrez : vous trouverez à coup sûr les recettes de vos amiEs. Les musiciens s’éclatent, Puccino aussi. Du coup nous… On ne voit pas le temps passer. 29’12, ça se précise.

T’as jeté l’une à l’eau et promis la lune à l’autre

Sur la route d’Amsterdam – Deuxième référence à la chanson française. Amsterdam (Jacques Brel) revu et corrigé par le Black Jack Brel. L’intéressé parle de s’être émancipé. Et mais qu’est-ce qu’il nous fait, il chante là ? Et avec Olivia Ruiz?! Ben ouais et il est mort de rire. Il c’est vraiment fait plaisir sur celle-ci. Et puis en réécoutant, on s’y habitue… C’est même plutôt réussi et Olivia nous emmène dans sa ronde. Et mais qu’est-ce que je fais, je danse là ? Après tout, Oxmo s’est bien mis au chant ! À 33’03 je suis essoufflé.

On roule, on roule vers Amsterdam

À sens inverse – On redevient sérieux. Subitement mais naturellement. Une fois encore, un sentiment de nostalgie se dégage sur ce titre. Comme si la notion du temps nous suivait jusqu’aux instrumentalistes. De son côté Oxmo déroule. Le texte est soigné (faut-il le préciser ?) et le message important : La diversité -de pensée- est une richesse. Au dessus de toutes distinctions physiques, l’important est d’être différent dans sa tête. Une fois encore l’amour est abordé en filigrane. Ben assure le refrain. Pas de problème. 37’03, plus que deux sons avant que le disque ne cesse de tourner.

Je n’écris pas pour que l’on m’adore/ ni pour que l’on soit tous d’accord

Masterciel – Une batterie, une basse, des lyrics de toutes les couleurs. L’aventure du Lipopette Bar a laissé des traces. Et c’est tant mieux. Sur cette instru très jazzy, on s’imagine facilement le Black Popeye en pleine démo. Une pique pour « le fils de canidé », une référence à Brassens, « ça sert à rien de gueuler au pluriel », et au final un des meilleurs morceaux de l’album. 40’25, le temps commence à compter.

Le rap une sous culture mais quelle idée

L’un de nous deux – Tour à Tour le piano puis les mots nous assomment. Dans la tête du boxeur, on encaisse chaque coup avec lui. Grogui, nos bras -les siens- peinent à nous répondre. Très appliqué, Oxmo s’attache à ce que nous soyons avec lui jusqu’au compte final. D’ailleurs c’est fini. Il est 43 minutes et 43 secondes.

C’est le combat de l’épuisement contre la volonté

dimanche 15 mars 2009

Découverte

Pas sans rappeler le Young Blood Brass Band, voici le Hypnotic Brass Ensemble