lundi 10 août 2009

Aurora - Avishai Cohen


Enlacée par Avishaï Cohen, une contrebasse ne peut être entre de meilleures mains. Le 23 mars dernier, muni de son instrument favori, le natif de Jérusalem nous livrait son dernier album : « Aurora ». La destination ? Quelque part entre Israël, New-York et l’Andalousie.

Avec lui, un piano, une guitare (oud), un percussionniste, des cuivres et une voix. Le projet étant fondé autour d’une rassurante sensation d’équilibre.

Tantôt mystiques, tantôt festives, toutes les chansons sont portées par un sentiment d’espoir. Comme si la contrebasse d’Avishai, en chute libre, retombait toujours sur ses pattes : à la fin de chaque morceau on aperçoit l’éclairci. Et ce même pour les chansons les plus sombres. Telles celles qui bercent « Morenika », « El Hatzipor », ou même « Aurora », nombreuses sont les mélodies qui d’abord semblent pesantes avant de subitement s’alléger. Grâce à un changement de rythme, à une note, un silence. Omniprésent, le piano favorise l’émergence de cette étrange sensation. On est comme pris entre la mélancolie et la joie.

La voix grave d’Avishai Cohen est fréquemment sublimée par la présence d’une voix féminine. Aussi, que ce soit pour la prière « Leolam » ou la plus sentimentale « Winter Song », une stabilité certaine encadre le projet. En contre partie, l’auditeur est lui libre de s’évader.

Si la majorité des chansons reposent sur les cordes d’une contrebasse, « It’s Been so long » ou « Shir Preda », elles, se jouent sur basse électrique. Sur celles-ci, les harmoniques enrichissent les partitions du virtuose et lui permettent de dévoiler encore un peu plus son univers. Un univers, où nous finissons par ne plus faire la distinction entre l’hébreu, l’anglais et l’espagnol, la tristesse et la joie, la tradition et la modernité. Du coup, sur « Noches, Noches, La luz », on part sur un rythme très lent avant de finir sur une sorte de samba improvisée. Le tout sans s’en apercevoir.

Au final, on ne sort pas indemne d’un voyage long de 12 pistes. Piloté par un commandant de génie, à travers les vitres de l’« Aurora » on observe, subjugué, un monde où règne l’harmonie. Riche de différentes cultures. Riche de sa diversité.

lundi 22 juin 2009

Zee Avi


Zee Avi. Le genre d’artiste sur lequel on ne peut tomber que par le biais d’un heureux hasard. Vous savez ce hasard presque insolent ? Celui qui, par exemple, vous pousse à visiter un Myspace sans aucune raison valable. Et bien voilà, Zee Avi c’est l’artiste qu’on découvre sans trop savoir ni comment ni pourquoi.

Bref, Izyan Alirahman alias Zee Avi a pondu son premier album le mois dernier. Et autant le dire d’emblée, le résultat est bon et surtout très prometteur. Une voix qui pousse au sourire tant elle est douce et un environnement musical apaisant (celui où le Jazz et le Folk-Pop cohabitent sans heurt) : voici la recette de la réussite selon Zee Avi.

Pas sans rappeler Corine Bailey Rae, Zee Avi nous propose donc un premier album éponyme léger et sans prétention. Le type d'album sur lequel il est bon de se laisser flâner…


vendredi 19 juin 2009

L'histoire des 5 secondes

Il est des groupes ou artistes qui, en 5 secondes, marquent à vie. Il est des groupes ou artistes à qui il ne faut pas plus de temps pour convertir un curieux en un fan. Un douzième de minute a suffit aux SoundProviders pour me convertir. C’était il y a trois ans. Jason Skills et Soulo venaient de livrer « True indeed ». Projet sur lequel Surreal navigue en père peinard sur les délicieuses productions des deux producteurs. Délicieuses car tellement jazzy ! « True indeed » fait partie de ces albums dont on imagine mal se séparer. Et ce, même si le torticolis et quasi-inévitable après s’être secoué la cervelle sur les treize morceaux qui composent le LP.
Je ne me souviens plus quelles ont été les 5 secondes décisives qui m'ont permis de découvrir les SoundProviders. Etait-ce celles de « Place To Be » ? Pas impossible…


mardi 16 juin 2009

Pour le plaisir

Une verson live de "Tutu" de Miles Davis.
Si Miles a marqué Miller a vie, la réciproque est sous doute tout aussi valable.
Les titres comme "Tutu" sont marqués par une touche "Marcus Miller" ; pour ne pas parler de style. D'ailleurs, encore aujourd'hui, Marcus Miller continue de nous pondre des titres du même goût... et ce n'est pas pour nous déplaire.

dimanche 14 juin 2009

Fruit du passé


Jazz Liberatorz ou comment libérer le Jazz en élaborant des productions Hip-Hop irréprochables. Un an après leur premier "Clin d'œil", DJ Damage, Dusty et Madhi nous livrent leur second projet : "Fruit of Past". A l'intérieur de celui-ci : 26 titres qui transpirent le Hip-Hop... la passion.
La liste des invités s'est encore allongée par rapport au disque de 2008. Une fois encore, tous manient le slang sans pareils. Aux habitués que sont T-love ou Fat Lip viennent s'ajouter de nouveaux guests dont un très spécial; Mister Mos Def himself. Un Mighty MOs d'ailleurs plutôt inspiré sur "Sunlight Mountain".
Avec ce nouvel album de haute volée, les Jazz Lib démontrent -comme s'il fallait encore le faire- qu'ils sont les meilleurs dans leur domaine. Les productions sont ensorcelantes. Mélodieux, apaisants entraînants et souvent envoutants, aucun titre ne déçoit. Tous sont à la hauteur du talent des trois beatmakers. Quel autre groupe ou artiste peut en faire autant ?!? ( Si vous avez la réponse : n'hésitez pas à me la soumettre... non vraiment).
Dans la lignée de "Clin d'oeil" et probablement même un cran au-dessus, "Fruit Of Past" est un album incontournable en cette année 2009.


samedi 13 juin 2009

"Metropolitain"

Quand on possède un père « superstar », trois chemins s’offrent à nous :
-Boulevard « J’profite de son argent pour ne rien faire de ma vie »
-Rue « J’exerce le même métier que lui… pas compliqué »
-Ruelle « Je peux faire quelque chose de différent »

Kyle Eastwood a choisi cette ruelle que personne ne remarque. Elle mène à un club de Jazz sobre et classe appelé « Metropolitain ». Bien sûr nous sommes à Paris.

Sur scène ce soir, plusieurs musiciens vont épauler Eastwood, bassite et contrebassiste. Dans la catégorie « fils de » : Erin Davis joue les bras droits avec le guitariste Michael Stevens. Parmi les invités sur scène, le célèbre pianiste belge Eric Legnini et le non moins réputé trompettiste Till Brönner. A eux s’ajoute les locaux Manu Katché et Camille. Vous l'aurez compris, entre artistes, on n' est pas loin de se parler français.

Le show commence avec le titre éponyme et il commence bien. « Metropolitain » est très « Katchéen ». La présence de Camille apporte un incontestable plus. Sa prestation rend la chanson envoutante. Un peu à la manière de « Love song » de Tigran Hamasyan, la voix est utilisée comme un instrument à part entière. Quand Camille quitte la scène, le groupe enchaîne avec « Bold Changes ».

Kyle s’est armé de sa contrebasse. Il poursuit avec ce genre de chanson parfaite pour écrire, penser, rêver… C’est léger et profond à la fois. Et pour sortir le club de sa rêverie, Kyle lance « Hot Box ».

À la basse M. Eastwood passe au niveau supérieur. Sur ce morceau ce sont ses quatre cordes qui donnent le ton. Derrière lui clavier et la batterie l’accompagnent sans souci. Kyle recule, la lumière n’est plus seulement braquée sur lui. Les premières notes de« Black Light » sont entonnées.

Passe-partout, la chanson commence et s’achève sans réel coup d’éclat. Conçue pour détendre. On se remet à bouger des épaules et à caquer des doigts dès les premiers instants de «Bel Air ».

Laissée de côté l’espace de deux titres, Kyle se remet à la contrebasse. Et s’en sert à merveille. D’ailleurs il ne s’en sépare pas à l’heure de présenter « Samba de Paris ». Il troque tout de même l’imposant instrument pour une fretless. Idéale pour la ballade : « A song for you ».

Sur son nuage, sans doute que Maître Pastorius appréciera. « Rue perdue » lui succède.

Dans la continuité des titres précédents, la chanson est adaptée au club ainsi qu’à son ambiance générale. Propres, précis et justes les musiciens évoluent sans aucune prétention. Sur scène on a fait le choix de ne pas faire de grandes démonstrations. C’est l’agréable qui compte. « Le balai » prend la relève.

On ferme les yeux : on voit la ville. Les lumières, les gens puis les voitures qui passent. C’est « frenchy » et très urbain (pas au sens des victoires de la musique). La trompette et la basse mènent le bal, le clavier et la batterie suivent de très près. Les rôles sont distribués à merveille. On joue de moins en moins fort pour accueillir Toyin sur scène. « Live For life » clôturera le spectacle.

La voix du dernier invité navigue sur la basse de Kyle. Le clavier amène un côté plus funky à cet ultime titre. Différent des précédents, la soirée s’achève sur une bonne note.

En quittant le « Metropolitain » on ne peut que se féliciter de s’y être rendu. Contemporain et rafraîchissant, nul doute qu’on y retournera à l’occasion. Que ce soit pour écouter la performance des musiciens, s’aérer les idées ou s’évader sur certains morceaux.

mercredi 10 juin 2009

Early Believers

Quand Kero One décide de se remettre au boulot, il tient à ce que son second projet soit sensiblement différent du précédent. Du coup, quand il trouve enfin le bon équilibre pour son chevalet, c’est un tout nouveau décor qui l’environne. L’ambiance Jazzy presque feutrée de « Windmills Of The Soul », est troquée contre un paysage où tout semble un peu plus coloré.

D’emblée, avec « Welcome To The Bay », Kero One se met en confiance. Ses premiers coups de crayons sont fouettés d’une main pleine d’assurance. Le titre introductif a le don de donner le ton à un tableau qui va vite se révéler flashy. Le beat évolue de manière intéressante et captivante. Bref l’artiste n’a rien perdu de son talent. Et même s’il parait vouloir tenter quelque chose de nouveau, il sait où il va.

On enchaîne très bien avec « When The Sunshine Comes ». Une chose est sûr les dépressifs seront déçus. La musique est tellement rassurante : la basse est bondissante, la guitare d’humeur taquine, Kero One déroule et Ben Westbeech amène de la fraîcheur (comme s’il en fallait davantage). Bref après deux chansons, les plus tristes d’entre nous l’auront compris : ce n’est pas Kero qui leur tendra la perche de la lamentation… Tant mieux.

« Keep Pushin » c’est une guitare sèche, une batterie qui nous pousse à solliciter notre nuque de manière incontrôlée et une multitude de sons colorés. Kero laisse toujours beaucoup d’espace aux différents instruments afin que chacun puissent s’exprimer au mieux. Les coups de pinceaux de Kero One sont en tous cas bien plus énergiques qu ’il y a trois ans.
Et l’artiste on peut voir ce que t’as commencé à peindre ?



Tuomo vient donner de la voix sur « Lets Just Be Friends ». L’instru est « cool » mais toujours assez rythmée. Depuis le début, la basse joue un rôle fondamental dans l’œuvre de Kero One. On l’entend bien et c’est elle qui structure la toile. En pllus,on se croirait presque dans un jeu vidéo avec des sons finalement très japonais. Jusqu’ici, chaque refrain a apporté un plus à la chanson. On se laisse guider Kero !

Avec « Bossa Soundcheck », la peinture de Kero One prend des couleurs d’Amérique de Sud. Mais on est vraiment loin de la caricature. Les petits solos de clavier soufflent une légère brise sous le soleil de Rio. On est bien et Kero One assure au pinceau.

AouTchchh : « Love And Hapiness ». Là on est carrément sur un nuage. Kero One se rappel au bon souvenir d’un de ses vieux maîtres : Al Green. C’est rare les samples qui valent au moins aussi bien, sinon mieux, que les chansons originales. 6’19 de bien être. Tuomo fait encore partie de la balade. Et bien, on commence à y voir plus clair. Au niveau de la toile ça donne quoi ?



« Stay On The Grind » avec Ohmega c’est Funky. Au fond, toujours cette basse omniprésente, et ce petit tam-tam qui mine de rien nous suit depuis le début. Les deux compères se complètent bien sur un beat assez posé. Le synthé genre « nous sommes dans les 80’s et voici le son de 2056 » donne un charme certain au titre.

Pour « A Song For Sabrina », Kero One décide de prendre un peu de recul sur son œuvre. Il a posé tous ses outils. Cette chanson instrumentale permet à l’artiste de faire, à mi-parcours, un premier point sur ce qu’il a réalisé jusque là. On passe en revue toutes les couleurs utilisées. Une bonne basse, une guitare rieuse, un rythme soutenu, des clins d’œil de synthé. Kero One est satisfait mais réalise qu’il peut encore faire mieux. Comment ? Grâce aux caresses d’un saxophone.

Moins flashy mais toujours baigné dans une énergie positive, « This Life Ain’t Mine » nous conforte dans notre insouciance. Il est trop bien ce monde où tout semble léger. La toile devrait bientôt être achevée.



« I Never Thought That we », Kero s’occupe maintenant des détails. On voit mal comment il pourrait en un coup de pinceau gâcher tout le travail qu’il a accompli sur sa toile. Ce nouveau titre est dans la lignée des précédents. En fait plus on avance, plus on est serein quant au rendu final.

Ben Westbeech est une dernière fois sollicité sur « Goodbye Forever ». C’était notre dernière occasion d’être déçu par un refrain… Ça ne sera pas pour cette fois. Toujours pas le moindre problème à signaler. Pourtant nous sommes à un moment fatidique. À ce stade du projet la médiocrité ou la facilité nous sauterait aux yeux comme une tâche de tomate sur un t-shirt blanc. Mais tout est maîtrisé. Kero arrive au bout de son effort. Il a de quoi être satisfait, il réalise un sans faute.

« On And On ». Voilà, c’est terminé. Comme il avait pris le temps de le faire à mi-chemin, Kero One s’écarte une nouvelle fois du chevalet. Le résultat est plus que bon. Tout en gardant quelques unes de ses astuces développées lors du premier projet, Kero a su créer quelque chose de nouveau. Pourtant on reconnait très aisément la patte de l'artiste. Kero s'avance et s’empare une dernière fois de son pinceau. Il signe puis nomme son œuvre : « Early Believers ».


...

lundi 8 juin 2009

Une gifle nommée James Brown

J’avais huit ans quand ma mère m’a offert mon premier disque : JB 40. Quarante chansons sélectionnées comme les meilleures de James Brown. Et ce n’est pas un hasard si son choix c’est porté sur cet album plutôt qu’un autre.

Fou devant mon écran alors qu’Apollo Creed se prépare à affronter Yvan Drago. James Brown m’a mis le feu. En quelque sorte James Brown est entré dans ma vie comme Creed est entré sur le ring. De manière inattendue et fracassante… c’est l‘Amérique quoi ! Une énergie folle, des couleurs partout, des blacks qui chantent, dansent et jouent de la musique. Plus qu’une claque je me suis pris une putain de patate. Pas « du géant qui vient du froid » mais bien du « Godfather of Soul ». Et contrairement à Apollo, je m'en suis relevé.

Après le film, je me prends pour Rocky et balance des coups de poings maladroits dans le vide. Bouillant, je chante « Living In America » en même temps que je m’épuise à frapper Personne. Peu après je m’enflamme de nouveau sur une pub qui utilise « I feel good » … J’avais gardé James Brown en travers les oreilles !

Voilà comment à huit ans je me suis retrouvé à chanter « Get Up » tout seul dans ma chambre après avoir reçu le double CD. Une dizaine d'année plus tard j'ai toujours les oreilles qui sifflent...

dimanche 7 juin 2009

Gil Scott-Heron

Faire le chemin à l'envers parfois, c'est pas plus mal. Combien d'artistes ai-je découvert grâce aux samples !?

La formule n'est pas bien compliquée, il faut d'abord :
-Rester bloquer sur une boucle ou une mélodie (tronquée) de quelques secondes qui fait tourner la tête puis...
-Rechercher la source afin de...
-S'ouvrir les portes de toutes nouvelles horizons musicales et même culturelles.

En ce sens, derrière chaque sample peut se cacher de véritable mines d'or ; un son, une chanson ou un artiste prêt à mettre une claque à qui aurait le toupet d'ignorer encore son existence. Vielles de plusieurs décennies les chansons (et/ou discographies) des artistes Soul/Funk/Jazz, dont la substantifique moelle est sans cesse pillée, n'attendent qu'à ce qu'on les dépoussière un peu. Qu'on les redécouvre pour faire bouger nos corps et parfois même vibrer nos consciences.

Je me souviens avoir été hypnotisé par "My Way Home" sur Late Registration de Kanye West. Après une recherche longue de trois minutes, je découvrais qu'une grande partie (si ce n'est la totalité) du titre, ne devait son mérite qu'à un certain Gil Scott-Heron... Maître de la Soul mais aussi pour certains, père spirituel du Rap...

Home Is Where The Hatred Is, la chanson originale dont c'est servi Kanye West :



"Du sample à l'original de l'original au sample / Les sons se confondent et au fond se rassemblent" HP

samedi 6 juin 2009

Victa !

OOops! J'ai parlé de "groove" dans le post précédent sans en donné la définition... Au temps pour moi, le groove, c'est ça :

mardi 2 juin 2009

Pharoah Sanders

Pharoah Sanders parce qu'il faut connaître.
Les Last Poets c'est le bonus :)


Pete Philly & Perquisite

Un après-midi ensoleillé, à la recherche de bon son, j'ai découvert Pete Philly & Perquisite avec ce clip : "Grateful". Un peu par hazard je suis tombé sur cette vidéo et j'ai de suite kiffé... l'ambiance sonore et visuel de la vidéo, le flow de Pete, l'état d'esprit dans lequel ce groupe semblait évoluer. Deux ans après cette heureuse découverte, "Mindstate" et "Mystery Repeats" font désormais partie de ces albums dont je ne me lasse pas...
J'espère simplement que cette vidéo aura sur vous le même impact qu'elle a eu sur moi.



Au cas où ça vous aurez donné envie : voici leur Myspace

mercredi 27 mai 2009

DisizTheEnd.


Situation initiale

Une fois n’est pas coutume, le film commence par la fin. D’emblée Disiz nous révèle l’issue de son histoire… Il arrête le rap. Sa décision est prise. L’intrigue ? Pour quel motif Sérigne décide-t-il de prendre ses distances avec le courant musical qui l’a fait exister ? Tout au long de DisizTheEnd, le narrateur nous indique le chemin de sa réflexion. Il nous expose les causes de son retrait, les décisions qui le lui obligent et nous laisse entrevoir la suite.

Scène 1 : La fin du début. Premier constat, le film est tourné en noir et blanc. Le décor est celui planté par un rap français à la dérive ; contemporain. D’ailleurs la première scène nous plonge directement dans l’ambiance. D’abord très sombre, elle s’éclaircit grâce à l’énergie dont fait preuve Disiz à l’écran. Noir, blanc puis gris… C’est beau mais ça rend nostalgique. En tous cas les premières minutes de ce long-métrage sont captivantes. Dans son propre rôle Disiz est plus qu’à l’aise. Dès les premières minutes il nous fait part de sa décision de tourner une page de sa vie. Laquelle ? Celle révolue, où, les valeurs du Hip Hop étaient souveraines.

Scène 2 : Alors tu veux rapper / flowmatic. Dans la tête de Sérigne, les souvenirs s’entrechoquent. Ceux d’une époque « Authentik »… On en viendrait presque à ressortir nos walkmans. Ne serait-ce que par ce qu’ils représentent. Dans cette deuxième scène, disiz nous montre que ce n’est pas si compliqué que ça de faire du « vrai peura »… encore faut-il être passionné. Disiz , lui, l’est encore incontestablement. Pourtant il y a toujours cette voix de malheur. Celle qui lui rappelle sans cesse que les règles ont changé. Que la réalité d’hier n’est en aucun cas celle d’aujourd’hui. Entre passion, pessimisme et désillusions, Disiz a besoin de recul.


Eléments perturbateurs

Scène 3 : Bete de bombe 4. Ca y est, Disiz craque. Seul, il pénètre dans la boite « gangsta » du moment. Ici, le bling-bling des « rappeurs » éclaire le lieu comme des boules à facettes. Du coup, on s’aperçoit qu’il y a du beau monde ce soir. Entre jupes courtes et imposteurs quelques représentants de grandes maisons de disques se frottent les mains. Disiz s’empare du micro et retourne la salle. Sur le terrain de ceux qu’il considère comme responsables du sale état de Rap Français, Disiz est en démonstration. Quand il quitte le lieu ceux qui jouaient les gros bras ont les oreilles baissées.

Scène 4 : C’est la vérité. Rattrapé plus tard dans la soirée par le « Stéroïde Crew » qu’il a publiquement ridiculisé, Disiz se voit contraint de leur donné quelques explications. D’abord pas très chaud à l’idée d’humilier de nouveau ses briseurs de rêves, Sérigne se chauffe finalement sur « A milli à l’africaine ». Selon lui, la perte du rap français est entre autre due à un manque de sincérité. Par conséquent, il se charge de lever le voile sur les vérités des imposteurs du milieu. Muette après ce nouveau tour de force, la foule observe le jeune de banlieue disparaître dans l’obscurité.


Les péripéties

Disiz en a l’intime conviction : il doit se détourner du rap. Sans doute à cause de ce sentiment persistant de mal être. Ce mauvais goût dans la bouche et cette impression de ne plus se retrouver dans les productions et les comportements de ceux sur qui on a écrit « RAPPEUR ». Ce même écriteau qui lui pèse dans le dos. Aussi, avant de le quitter, Disiz veut marquer le rap… une dernière fois.

Scène 5 : Quand le peuple va se lever. Et pour ça, il commence par prévenir qu’un jour l’équilibre précaire sur lequel s’est bâti notre société et ses engrenages s’effondrera. Dans le rôle du trouble-fête : le peuple, fatigué de toujours subir, décidé à agir. Un appel au changement dans un décor où le noir domine. Tout le film durant, Disiz évolue le casque fixé aux oreilles. Dans son walkman sans doute que tourne toujours une cassette du suprême. Piste 5 de Paris sous les bombes ?

Scène 6 : Odyssée. Décidément, le protagoniste ne s’y retrouve plus. Il se sent comme abandonné par les siens. Au milieu du film, reposée sur un oreiller la tête de Disiz est vide. Il est à deux doigts de s’endormir quand soudain il se souvient. De quoi ? D’où il vient tout simplement. Dans ses songes, il revendique ses racines et déplore les fleurs fanées qu’il observe prendre de l’importance dans le paysage. Décidé à reprendre son destin en main, Disiz dénonce la relation hiérarchisée existante entre la France et l’Afrique en général. Il s’endort est rêve d’un continent libre… d’un monde juste.

Scène 7/8 : … derrière l’arbre et LOVE. En face de chez Disiz, un arbre cache mal une école primaire. La sonnerie de la fin des classes réveil notre rêveur. Quand il se lève et regarde par la fenêtre, il observe deux écoliers qui se tiennent par la main. Il se retrouve tout à coup 20 ans en arrière et se rappelle des ses premières amourettes. De son premier râteau à son premier baiser, les souvenirs se bousculent. En douceur, quelques pâles couleurs ont peu à peu envahi l’écran. Dans la manière dont l’histoire est racontée et par la légèreté des mots et anecdotes choisies, on se demande si ce n’est pas une vieille cassette de Solaar qui se rembobine dans le baladeur.

Scène 9 : Papa Lova. L’âme en peine quand il constate ce qu’est devenu ou ce que tend à devenir le rap, Disiz n’a envie de rien… Puis il tombe sur un, deux, trois, et même quatre petits monstres qui lui sourient. Inconscients de ce que traverse véritablement leur « super héros ». Il peut tout lui arriver à Disiz, il est protégé par l’innocence de ses enfants.

Scène 10 : Le temps précieux. Dans la soirée, Disiz tombe sur un vieux cliché. Dessus c’est Sérigne, enfant métisse, petit, cheveux frisés. La photo date de l’époque de son premier vol, c’est-à-dire de sa première arrestation et de sa plus belle rouste. Il décide de ranger le cliché dans l’album photo de sa jeunesse. La photo égarée est alors classée près d’une autre prise devant le building où disiz et ses acolytes préparaient leurs conneries. De fil en aiguille il se souvient du premier joint qu’il avait allumé à ce même endroit. Premier KO, premier Bad… Les souvenirs l’envahissent. Dans un soupir il referme le livre. Heureux qu’on ne lui ait pas laissé l’occasion de perdre du temps… précieux.

Scène 11 : 27 octobre. Le lendemain, il croise un vieil ami. Celui-ci est au courant de son envie d’évasion et l’interroge à ce sujet. Alors qu’il voulait juste prendre l’air, Disiz doit une nouvelle fois se justifier. D’un coup il explose et expose chaque élément qui le conforte dans l’idée que le « rap game » et gangrené. De la jalousie à l’opportunisme en passant par la trahison des siens, Disiz en a trop vu. Il met les voiles.


Éléments de résolution

Scène 12 : Il est déjà trop tard. Après avoir rendu une dernière visite au rap français. Disiz quitte l’hôpital où il l’observe agoniser depuis trop longtemps. Ses mots ont soulagé Rap Français, conscient maintenant qu’il lui reste quelques rares soutiens sur qui compter. C’est dur pour Disiz de voir quelqu’un de si proche dans cet état là. Peut-être trop. Il en est maintenant persuadé, c’est la dernière fois qu’il referme la porte derrière lui. Dans sa voiture, Disiz a l’esprit tranquille. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour lui faire honneur. Mais aujourd’hui trop de questions le hantent. Et sa réflexion est trop avancée pour faire marche arrière. De toute façon il n’en a plus la possibilité, il est déjà trop tard.

Scène 13 : J’ai changé. Disiz évolue, il en a conscience et contrairement à beaucoup l’assume sans la moindre difficulté. Dans un monde où l’amalgame entre Authenticité et Rigidité est trop souvent à déploré, le héros clame haut et fort qu’il a changé. D’ailleurs c’est cette même évolution qui le pousse à tourner la page. Touchant, Disiz sait qu’il n’a jamais fait le choix de la facilité. Sur la route, il décide de s’arrêter chez sa mère avant de rentrer chez lui.


Situation finale

Scène 14 : Le monde sur mesure. Disiz range son costume. Il ne changera pas le monde… personne ne le fera. La solution pour faire le vide ? Se réfugier dans un coin du cerveau. Rester vrai, révéler aux « forts » leurs faiblesses. Il y a de la nostalgie mais surtout la satisfaction du devoir accompli. Disiz s’en va.

Scène 15 : Disiz The end. Puisqu’il y a une fin à tout : c’est le générique final. Rien à dire le film est profond, sincère. Le décor musical est homogène est bien travaillé. Disiz réalise sa meilleure performance en jouant juste du début à la fin. Tandis que les crédits défilent à l’écran une lucarne s’ouvre dans un coin. Le contraste est saisissant. Les lumières vives sautent aux yeux. A l’écran : Peter Punk… Une histoire sans étiquette au scénario original. Quelques secondes du film puis le fameux "Coming Soon". La salle s'éclaire, le public se redresse étourdi. La foule est conquise.

THE END

lundi 25 mai 2009

YoungBlood Brass Band

Si vous ne connaissiez pas, le mal est réparé!

Archie Shepp

Archie Shepp et son saxo, Napoleon Maddox et son flow : C'est du bon.

Phat Jam In Milano a été enregistré en 2007 lors d'un live. Avec ce projet : on se retrouve avec un nouvel exemple de la complémentarité existante entre le Rap et le Jazz.

Pour écouter un extrait de l'album rendez-vous sur le blog de Mister Shepp : myspace.com/shepparchie

jeudi 26 mars 2009

RH

Roy Hargrove...

Chronique : L'Arme De Paix


L’arme de paix, une question de temps…

43 minutes et 43 secondes. Le temps d’écrire cette chronique.

365 jours - Dès les premières secondes, le temps s’allonge. Le rythme s’installe. Chaque temps est minutieusement marqué par le métronome. D’un coup, le décor se plante de lui même. La guitare puis la basse résonnent. L’ambiance « l’arme de paix » débarque. Oxmo nous revient tel qu’on le connait : Voix profonde, plume aiguisée. Le thème ? Le temps qui passe. Ses conséquences. Son train d’enfer. Comme une évidence, l’artiste se faufile et s’impose sur l’instru. On en vient presque à l’oublier. Au final, texte et mélodies se confondent. Le titre est le juste reflet d’un album résolument musical… poétique. Tant dans la forme que dans le fond. Partie de zéro, l’horloge affiche désormais 4’11.

La vie est un beau train avec de sales wagons

Tirer des traits - Comme les prisonniers qui comptent les jours dans leurs cellules. Pour Oxmo, la vie c’est tirer des traits. La musique ? Tantôt mystérieuse tantôt dansante. Bref, le mélange est réussi. Sur ce titre, Sly Johnson (SSC) vient prêter main forte à Ox sur le refrain. Il y met toute sa fougue sans pour autant s’égarer. Là encore, on laisse du temps aux mélodies d’évoluer. D’exister. 7’21 déjà à ma montre.

Mes phrases misent bout à bout font le tour de la terre

Soleil du nord - Une ballade. De la mélancolie. Pour l’épauler, une boucle de guitare et une interprétation majestueuses. À en faire froid dans le dos. Ici il est question du mauvais temps. L’artiste se penche sur le terrible dess(e)in de l’homme du nord. La force du morceau : La timide lueur d’espoir que l’ambiance instrumentale nous suggère. Les mots sont durs mais de manière incompréhensible, à la fin, on ne peut s’empêcher d’être optimiste. La phrase de la fin est d’Aznavour. « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil ». C’est la première référence d’Oxmo à la chanson française. L’heure ? 10’31

Soleil du nord quand au deuxième semestre / le mauvais temps insiste et que le clown se défenestre

Véridique – Trip en Noir et Blanc. Dans l’esprit du Black Desperado, idées, mots et notes se confondent. L’instru et cette fois minimaliste. On se sent seul. Perdu au milieu d’une vaste pièce. D’on ne sait où, Ox nous déballe nos quatre vérités… Inquiétant. Par chance, une issue s’offre rapidement à nous. À 13’15 on quitte déjà le lieu.

C’est le règne animal / mauvaise intelligence que l’on manie mal

Partir 5 minutes – Ouf… Ici l’ambiance est bien plus rassurante. Sly est encore là. Avec Oxmo, les deux Vincent et Ludo, l’heure est à la bonne humeur. Chacun partage son optimisme. Pas de doute, ici il ne peut rien nous arriver. Tous ensembles mais chacun de son côté. Dans les têtes, les rires défilent. La musique nous met bien. Oxmo berce nos songes, Sly les agaye. Du coup, le temps passe. Partir 5 minutes en 4’02 c’est désormais possible. Il est 17’17.

Nous dessinerons des chansons dans la neige

J’te connaissais pas – Avant même le début de la chanson : un coup de baguette magique. Un son aigu évoque l’enchantement. L’impossible c’est-il réalisé ? C’est en tout cas ce nous suggère le titre. Ni trop simple, ni trop sophistiqué. Oxmo chante ( ?) l’amour sans état d’âme. Attendrissante et personnelle, l’ode à « celle que l’on ne connait pas » est à sa place dans l’arme de paix. 21 minutes et 10 secondes sont passées

Tu m’as fait mettre des fleurs sur mon arbalète

L’arme de paix – D’un côté les affreux belliqueux, de l’autre Abdoulaye Diarra. Le vent balaye le champ de bataille, les tambours résonnent. Oxmo s’avance puis prend la parole. On l’écoute. Toujours en avançant, il jette son arme au pied de ses adversaires. Il ne les combattra pas. Au mieux, il les convaincra. Au loin, comme pour le soutenir, K’naan entame, seul, l’hymne pacifiste. Peu à peu, les guerriers baissent les armes… tous versent une larme. (25’38)

Un jour, l’injustice en personne fera tomber une larme

Les une les autres – Y a pas à dire, ça groove grave. Avec Ox, la basse rebondit tour à tour sur les unes puis les autres. Ici on vous donne les ingrédients. Faites vos propres mélanges et vous verrez : vous trouverez à coup sûr les recettes de vos amiEs. Les musiciens s’éclatent, Puccino aussi. Du coup nous… On ne voit pas le temps passer. 29’12, ça se précise.

T’as jeté l’une à l’eau et promis la lune à l’autre

Sur la route d’Amsterdam – Deuxième référence à la chanson française. Amsterdam (Jacques Brel) revu et corrigé par le Black Jack Brel. L’intéressé parle de s’être émancipé. Et mais qu’est-ce qu’il nous fait, il chante là ? Et avec Olivia Ruiz?! Ben ouais et il est mort de rire. Il c’est vraiment fait plaisir sur celle-ci. Et puis en réécoutant, on s’y habitue… C’est même plutôt réussi et Olivia nous emmène dans sa ronde. Et mais qu’est-ce que je fais, je danse là ? Après tout, Oxmo s’est bien mis au chant ! À 33’03 je suis essoufflé.

On roule, on roule vers Amsterdam

À sens inverse – On redevient sérieux. Subitement mais naturellement. Une fois encore, un sentiment de nostalgie se dégage sur ce titre. Comme si la notion du temps nous suivait jusqu’aux instrumentalistes. De son côté Oxmo déroule. Le texte est soigné (faut-il le préciser ?) et le message important : La diversité -de pensée- est une richesse. Au dessus de toutes distinctions physiques, l’important est d’être différent dans sa tête. Une fois encore l’amour est abordé en filigrane. Ben assure le refrain. Pas de problème. 37’03, plus que deux sons avant que le disque ne cesse de tourner.

Je n’écris pas pour que l’on m’adore/ ni pour que l’on soit tous d’accord

Masterciel – Une batterie, une basse, des lyrics de toutes les couleurs. L’aventure du Lipopette Bar a laissé des traces. Et c’est tant mieux. Sur cette instru très jazzy, on s’imagine facilement le Black Popeye en pleine démo. Une pique pour « le fils de canidé », une référence à Brassens, « ça sert à rien de gueuler au pluriel », et au final un des meilleurs morceaux de l’album. 40’25, le temps commence à compter.

Le rap une sous culture mais quelle idée

L’un de nous deux – Tour à Tour le piano puis les mots nous assomment. Dans la tête du boxeur, on encaisse chaque coup avec lui. Grogui, nos bras -les siens- peinent à nous répondre. Très appliqué, Oxmo s’attache à ce que nous soyons avec lui jusqu’au compte final. D’ailleurs c’est fini. Il est 43 minutes et 43 secondes.

C’est le combat de l’épuisement contre la volonté

dimanche 15 mars 2009

Découverte

Pas sans rappeler le Young Blood Brass Band, voici le Hypnotic Brass Ensemble