mercredi 27 mai 2009

DisizTheEnd.


Situation initiale

Une fois n’est pas coutume, le film commence par la fin. D’emblée Disiz nous révèle l’issue de son histoire… Il arrête le rap. Sa décision est prise. L’intrigue ? Pour quel motif Sérigne décide-t-il de prendre ses distances avec le courant musical qui l’a fait exister ? Tout au long de DisizTheEnd, le narrateur nous indique le chemin de sa réflexion. Il nous expose les causes de son retrait, les décisions qui le lui obligent et nous laisse entrevoir la suite.

Scène 1 : La fin du début. Premier constat, le film est tourné en noir et blanc. Le décor est celui planté par un rap français à la dérive ; contemporain. D’ailleurs la première scène nous plonge directement dans l’ambiance. D’abord très sombre, elle s’éclaircit grâce à l’énergie dont fait preuve Disiz à l’écran. Noir, blanc puis gris… C’est beau mais ça rend nostalgique. En tous cas les premières minutes de ce long-métrage sont captivantes. Dans son propre rôle Disiz est plus qu’à l’aise. Dès les premières minutes il nous fait part de sa décision de tourner une page de sa vie. Laquelle ? Celle révolue, où, les valeurs du Hip Hop étaient souveraines.

Scène 2 : Alors tu veux rapper / flowmatic. Dans la tête de Sérigne, les souvenirs s’entrechoquent. Ceux d’une époque « Authentik »… On en viendrait presque à ressortir nos walkmans. Ne serait-ce que par ce qu’ils représentent. Dans cette deuxième scène, disiz nous montre que ce n’est pas si compliqué que ça de faire du « vrai peura »… encore faut-il être passionné. Disiz , lui, l’est encore incontestablement. Pourtant il y a toujours cette voix de malheur. Celle qui lui rappelle sans cesse que les règles ont changé. Que la réalité d’hier n’est en aucun cas celle d’aujourd’hui. Entre passion, pessimisme et désillusions, Disiz a besoin de recul.


Eléments perturbateurs

Scène 3 : Bete de bombe 4. Ca y est, Disiz craque. Seul, il pénètre dans la boite « gangsta » du moment. Ici, le bling-bling des « rappeurs » éclaire le lieu comme des boules à facettes. Du coup, on s’aperçoit qu’il y a du beau monde ce soir. Entre jupes courtes et imposteurs quelques représentants de grandes maisons de disques se frottent les mains. Disiz s’empare du micro et retourne la salle. Sur le terrain de ceux qu’il considère comme responsables du sale état de Rap Français, Disiz est en démonstration. Quand il quitte le lieu ceux qui jouaient les gros bras ont les oreilles baissées.

Scène 4 : C’est la vérité. Rattrapé plus tard dans la soirée par le « Stéroïde Crew » qu’il a publiquement ridiculisé, Disiz se voit contraint de leur donné quelques explications. D’abord pas très chaud à l’idée d’humilier de nouveau ses briseurs de rêves, Sérigne se chauffe finalement sur « A milli à l’africaine ». Selon lui, la perte du rap français est entre autre due à un manque de sincérité. Par conséquent, il se charge de lever le voile sur les vérités des imposteurs du milieu. Muette après ce nouveau tour de force, la foule observe le jeune de banlieue disparaître dans l’obscurité.


Les péripéties

Disiz en a l’intime conviction : il doit se détourner du rap. Sans doute à cause de ce sentiment persistant de mal être. Ce mauvais goût dans la bouche et cette impression de ne plus se retrouver dans les productions et les comportements de ceux sur qui on a écrit « RAPPEUR ». Ce même écriteau qui lui pèse dans le dos. Aussi, avant de le quitter, Disiz veut marquer le rap… une dernière fois.

Scène 5 : Quand le peuple va se lever. Et pour ça, il commence par prévenir qu’un jour l’équilibre précaire sur lequel s’est bâti notre société et ses engrenages s’effondrera. Dans le rôle du trouble-fête : le peuple, fatigué de toujours subir, décidé à agir. Un appel au changement dans un décor où le noir domine. Tout le film durant, Disiz évolue le casque fixé aux oreilles. Dans son walkman sans doute que tourne toujours une cassette du suprême. Piste 5 de Paris sous les bombes ?

Scène 6 : Odyssée. Décidément, le protagoniste ne s’y retrouve plus. Il se sent comme abandonné par les siens. Au milieu du film, reposée sur un oreiller la tête de Disiz est vide. Il est à deux doigts de s’endormir quand soudain il se souvient. De quoi ? D’où il vient tout simplement. Dans ses songes, il revendique ses racines et déplore les fleurs fanées qu’il observe prendre de l’importance dans le paysage. Décidé à reprendre son destin en main, Disiz dénonce la relation hiérarchisée existante entre la France et l’Afrique en général. Il s’endort est rêve d’un continent libre… d’un monde juste.

Scène 7/8 : … derrière l’arbre et LOVE. En face de chez Disiz, un arbre cache mal une école primaire. La sonnerie de la fin des classes réveil notre rêveur. Quand il se lève et regarde par la fenêtre, il observe deux écoliers qui se tiennent par la main. Il se retrouve tout à coup 20 ans en arrière et se rappelle des ses premières amourettes. De son premier râteau à son premier baiser, les souvenirs se bousculent. En douceur, quelques pâles couleurs ont peu à peu envahi l’écran. Dans la manière dont l’histoire est racontée et par la légèreté des mots et anecdotes choisies, on se demande si ce n’est pas une vieille cassette de Solaar qui se rembobine dans le baladeur.

Scène 9 : Papa Lova. L’âme en peine quand il constate ce qu’est devenu ou ce que tend à devenir le rap, Disiz n’a envie de rien… Puis il tombe sur un, deux, trois, et même quatre petits monstres qui lui sourient. Inconscients de ce que traverse véritablement leur « super héros ». Il peut tout lui arriver à Disiz, il est protégé par l’innocence de ses enfants.

Scène 10 : Le temps précieux. Dans la soirée, Disiz tombe sur un vieux cliché. Dessus c’est Sérigne, enfant métisse, petit, cheveux frisés. La photo date de l’époque de son premier vol, c’est-à-dire de sa première arrestation et de sa plus belle rouste. Il décide de ranger le cliché dans l’album photo de sa jeunesse. La photo égarée est alors classée près d’une autre prise devant le building où disiz et ses acolytes préparaient leurs conneries. De fil en aiguille il se souvient du premier joint qu’il avait allumé à ce même endroit. Premier KO, premier Bad… Les souvenirs l’envahissent. Dans un soupir il referme le livre. Heureux qu’on ne lui ait pas laissé l’occasion de perdre du temps… précieux.

Scène 11 : 27 octobre. Le lendemain, il croise un vieil ami. Celui-ci est au courant de son envie d’évasion et l’interroge à ce sujet. Alors qu’il voulait juste prendre l’air, Disiz doit une nouvelle fois se justifier. D’un coup il explose et expose chaque élément qui le conforte dans l’idée que le « rap game » et gangrené. De la jalousie à l’opportunisme en passant par la trahison des siens, Disiz en a trop vu. Il met les voiles.


Éléments de résolution

Scène 12 : Il est déjà trop tard. Après avoir rendu une dernière visite au rap français. Disiz quitte l’hôpital où il l’observe agoniser depuis trop longtemps. Ses mots ont soulagé Rap Français, conscient maintenant qu’il lui reste quelques rares soutiens sur qui compter. C’est dur pour Disiz de voir quelqu’un de si proche dans cet état là. Peut-être trop. Il en est maintenant persuadé, c’est la dernière fois qu’il referme la porte derrière lui. Dans sa voiture, Disiz a l’esprit tranquille. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour lui faire honneur. Mais aujourd’hui trop de questions le hantent. Et sa réflexion est trop avancée pour faire marche arrière. De toute façon il n’en a plus la possibilité, il est déjà trop tard.

Scène 13 : J’ai changé. Disiz évolue, il en a conscience et contrairement à beaucoup l’assume sans la moindre difficulté. Dans un monde où l’amalgame entre Authenticité et Rigidité est trop souvent à déploré, le héros clame haut et fort qu’il a changé. D’ailleurs c’est cette même évolution qui le pousse à tourner la page. Touchant, Disiz sait qu’il n’a jamais fait le choix de la facilité. Sur la route, il décide de s’arrêter chez sa mère avant de rentrer chez lui.


Situation finale

Scène 14 : Le monde sur mesure. Disiz range son costume. Il ne changera pas le monde… personne ne le fera. La solution pour faire le vide ? Se réfugier dans un coin du cerveau. Rester vrai, révéler aux « forts » leurs faiblesses. Il y a de la nostalgie mais surtout la satisfaction du devoir accompli. Disiz s’en va.

Scène 15 : Disiz The end. Puisqu’il y a une fin à tout : c’est le générique final. Rien à dire le film est profond, sincère. Le décor musical est homogène est bien travaillé. Disiz réalise sa meilleure performance en jouant juste du début à la fin. Tandis que les crédits défilent à l’écran une lucarne s’ouvre dans un coin. Le contraste est saisissant. Les lumières vives sautent aux yeux. A l’écran : Peter Punk… Une histoire sans étiquette au scénario original. Quelques secondes du film puis le fameux "Coming Soon". La salle s'éclaire, le public se redresse étourdi. La foule est conquise.

THE END

lundi 25 mai 2009

YoungBlood Brass Band

Si vous ne connaissiez pas, le mal est réparé!

Archie Shepp

Archie Shepp et son saxo, Napoleon Maddox et son flow : C'est du bon.

Phat Jam In Milano a été enregistré en 2007 lors d'un live. Avec ce projet : on se retrouve avec un nouvel exemple de la complémentarité existante entre le Rap et le Jazz.

Pour écouter un extrait de l'album rendez-vous sur le blog de Mister Shepp : myspace.com/shepparchie